Le Cantique de Kantik (extrait)

CHARLOTTE
J’ai lu que vous faisiez des initiations à la transdéviation ?
John incarne alors un personnage plus gourou qu’homme

JOHN
Oh, « je fais des initiations » (air quotes) n’est pas l’expression la plus exacte. Je suis plutôt le relais entre vos ondes bêta-prime (prononcer prime à l’anglaise) et celui que j’appelle « Le Visiteur »

CHARLOTTE
Ah oui. Cette partie de votre cours m’a passionné. « Le Visiteur ». Quelle chance ! C’est merveilleux de vous écouter en parler !

JOHN
Ce qui est réellement important ou merveilleux, et je pense que vous avez noté ce passage quand j’expliquais ma rencontre avec « Le Visiteur », c’est de laisser vos Bêta-prime s’évader librement de notre espace euclidien à quatre dimensions vers les transdimensions aléatoires dans lesquelles, seulement (appuyant sur ce mot), sont accessibles les particules quantiques.
Il redevient homme charmeur, laissant un temps son uniforme de gourou devant l’attitude pleine de déférence de Charlotte.

JOHN
Mais pour arriver à cet état de concrétisation de la transdéviation, nous pouvons vous aider, Le Visiteur et moi-même. Je suis uniquement son intercesseur, mais à ce titre, j’ai toute latitude pour vous initier.

CHARLOTTE
(rougissante)
J’en serais ravie.

Il saisit un collier ornant son cou, un médaillon assez grotesque et pseudo-ésotérique

JOHN
Tenez ! Ce médaillon est très précieux. Il me fut légué par le grand sage Marahdji, au Népal, lors d’un de mes voyages initiatiques. Il marquera votre passage du néant vers la lumière, comme un phare dans votre nuit.
Il marque un temps, enfilant la chaîne autour du cou de Charlotte.
Il est unique, comme vous.
Un ange passe. Charlotte sirote son verre, ne sachant trop quoi dire. Kantik la dévore du regard.

JOHN
Quand voudriez-vous commencer ?

CHARLOTTE
Le plus tôt possible.

JOHN
C’est le mieux pour vous.

CHARLOTTE
J’aimerais intégrer tout de suite un de vos cours d’initiation, même au milieu du cursus s’il faut. Je crois que ça me ferait le plus grand bien.

JOHN
(de nouveau gourou, prenant subitement un air profond)
Vous cherchez des réponses, je le sens. C’est très fort dans votre aura. Non, ne dites rien, Le Visiteur me parle de vous… Oui, c’est exactement cela ! Vous êtes en quête d’un mieux-être et il pense être le seul à connaître le Pratchou dans lequel sont…

CHARLOTTE
Pardonnez-moi, qu’est-ce que le Pratchou ?

JOHN
Ah oui, le Pratchou. C’est un paysage mystique de troisième niveau auquel vous serez familiarisée comme je le suis quand vous aurez toutes vos bêta-prime en accord fondamental. Il est exact que je ne me suis pas vraiment étendu sur ce sujet pendant la conférence. Mais, à ma décharge, la Connaissance est tellement vaste… Je ne peux pas aborder son intégralité cosmique autant que je le voudrais. Et certains secrets sont nécessaires à l’équilibre global, notamment pour la dimension quantique du Pratchou. Seuls les initiés ont accès à toutes ces révélations. Mais avant de vous expliquer le Pratchou, vous devez suivre assidûment les cours d’initiation. Et vous verrez, vous saisirez mieux l’étendue de votre pouvoir quand vous serez dans ce niveau supérieur qui donne l’étendue mystique du Pratchou dans sa beauté intrinsèque.

CHARLOTTE
(pleine d’espoir, sous le charme de Kantik, murmurant)
Vous pensez que j’oserais espérer atteindre cette étape ?

JOHN
Vous plaisantez ? Si Le Visiteur a éclairé vos bêta-prime balbultiantes en vous guidant jusqu’à moi, tout espoir vous est permis ! Vous faites partie des 1 % de la population à être éligible pour la transdéviation ? C’est peu, n’est-ce pas ? Mais la Connaissance est réservée à une poignée d’élus.

CHARLOTTE
Ah quel bonheur. Voyez-vous, John… Je peux vous appeler John ?

JOHN
Je suis votre intercesseur, Mademoiselle
(avec un sourire carnassier)
Je peux vous appeler mademoiselle, mademoiselle ?
(redevenant sérieux)
Je préfère que vous m’appeliez professeur, ou éventuellement maître, même si vous n’avez pas encore tout à fait le droit d’employer ce terme dans la phase d’initiation. Je peux faire une exception pour vous, car vous avez été choisie par Le Visiteur. Je m’incline toujours devant ses Volontés.

CHARLOTTE
(énamourée, au comble de la joie, tombant dans les bras de Kantik)
Aaah, Professeur ! Merci ! Quand commençons-nous ?

JOHN
(Se penchant pour l’embrasser, empoignant un sein)
Mais tout de suite mademoiselle. Nous avons déjà commencé, figurez-vous. Vous ne pouvez plus reculer, désormais marquée au fer rouge et enivrant de la Connaissance.
(Il malaxe doucement le sein de Charlotte, son visage contre le sien, susurrant)
Je vous demanderai juste de rédiger un chèque de cinq cents euros pour la première série de cours ! À l’ordre du Professeur John… Non, laissez le destinataire en blanc, je ne veux pas vous contrarier avec ces futilités. Mon secrétaire s’en chargera.


Disponible ici : Le Cantique de Kantik (Amazon Kindle)

Osons !

011899-352x500OSEZ 20 HISTOIRES DE SEXTOYS
COLLECTIF
Osez (20 histoires de…)
LA MUSARDINE
Format : 110*178
Référence : Z00011

texte : “Hors-série”

014876-352x500

OSEZ 20 HISTOIRES DE SEXE AVEC DES POMPIERS
COLLECTIF
Osez (20 histoires de…)
LA MUSARDINE
Format : 110*178
256 pages
Référence : Z00017
t
exte : “Feu de paille”

028046-352x500OSEZ 20 HISTOIRES DE SEXE EN 2050
COLLECTIF
Osez (20 histoires de…)
LA MUSARDINE
Format : 110*178
256 pages
Référence : Z00020
t
exte : “Pas sage comme des images”

Le miroir sans tain

Elle jouit seule, toujours, devant une glace sans tain.
Qui dit que c’est mal de jouir ? De quel droit une société, quel que soit son degré de malaise, d’anéantissement, d’avancée libertaire, voire de démocratie, juge-t-elle du plaisir que peuvent prendre ou se donner ses membres ? Seule, toujours ! Elle n’a envie de personne ! Elle jouit seule devant une glace sans tain. Elle a besoin d’imaginer que des hommes la regardent pour atteindre l’orgasme, des inconnus ! Ah, ce n’est pas tous les jours, son extase n’est pas réglée comme une horloge malgré sa délicatesse et la complexité de ses rouages. Mais savoir que derrière ce reflet, des mâles peuvent à leur tour se branler en fixant son sexe dévoilé, lui permet d’accéder au paroxysme de la félicité.
J’ai fait installer un miroir ouvrant sur sa chambre, sur ses abysses intimes. Alors, telle une Madame Loyale, en uniforme chamarré découvrant des seins opulents qui attirent — je le constate — les yeux des chalands dans la rue, elle invite au spectacle de sa nudité, à l’aventure de ses mains explorant chaque secret de son anatomie. De ses doigts qui parcourent les doux replis de chairs tendres, elle espère les incidences d’une mécanique qui n’est pas toujours infaillible. Elle cambre son corps, offrant à ces regards dissimulés le meilleur angle de ses courbes. Il est tendu et forme une arche de volupté. Le dos est voûté dans une contraction musculaire involontaire, brutale et inattendue tandis que ses reins se creusent et projettent son ventre vers le ciel de lit. Elle sent que ces messieurs bandent en la contemplant ainsi, qu’ils ont la bave aux lèvres, devant les siennes aussi humides et entrouvertes. De cette concupiscence ressentie, elle tire la légèreté indispensable à ses orgasmes. Là, elle crie, vitupère, éructe, presque violente, alors que ses phalanges pénètrent et fourragent, tantôt raides, sinon un peu recroquevillées pour effleurer la face interne à l’unisson de son clitoris et appuyer sur la rugosité de cette zone si sensible. Elle est secouée de spasmes terribles et jette son bassin en avant dans une danse obscène, lançant sa vulve vers la vitre glacée, cherchant à provoquer davantage les érections de ses compagnons inconnus.
Quand elle jouit une première fois, elle espère qu’ils retiennent leur foutre pour être encore en état de la mater derechef.
Je sais la question que tu te poses. Si un de ces voyeurs tentait de la toucher, de la caresser, de la prendre pendant une de ces séances d’exhibition, sa félicité retomberait aussitôt, comme un soufflé sortit maladroitement du four. C’est leur regard qui l’électrise, pas leur vice. Se sentir hors d’atteinte lui procure tant de plaisir, cependant que leur phallus dressé n’est qu’une agression dont elle se passe volontiers. Même leur visage tordu par l’envie ne lui fait aucun effet, alors que les imaginer la queue raide et les yeux exorbités derrière ce miroir sans tain est très excitant.
Très excitant et rassurant aussi ! Elle est protégée, à l’abri dans une forteresse, loin des pointeaux qu’ils déploient et brandissent, prêts à la pourfendre, à l’ouvrir en partant de son ventre offert et trempé. De ses cuisses sur lesquelles coule l’hydromel de son sexe en fusion, elle n’enserre rien qu’un galant chimérique. Ses mains sont reines, ses doigts vont et viennent de plus en plus profondément, crescendo. Les soupirs qu’elle ne retient pas, les gémissements et les petits cris sont autant de coups de fouet à leur désir de la baiser. Et elle n’est pas à eux. Elle ne le sera jamais.
Elle pénètre son anus d’un auriculaire connaisseur, provoquant de nouvelles vagues de félicité qui l’amènent à rugir. Elle prend tant de plaisir à se faire jouir seule, sans autre contrainte que sa soif d’exhibition. Soif d’amour aussi : elle veut qu’ils l’aiment quand ils éclabousseront la vitre du miroir, son côté obscur. Elle réclame que leur sperme la divinise, qu’il lui fasse une auréole imaginaire alors qu’elle crispe une dernière fois ses cuisses sur le spasme final. En laissant son corps s’affaler sur la couche, elle est parcourue de maints frissons.
Une fois rhabillée, Amélie quitte les lieux par une porte dérobée. Elle rentre fourbue et apaisée chez elle, ignorant le pas rapide de l’homme qui la suit.