Lizzie, sexploratrice du temps – Époque 5 : l’œil de Néfertiti (extrait)

Bandeau-Numilog-Lizzie-6epL’album de photographies compromettant (voir les épisodes précédents) a échappé à Lizzie et Charlus. Celui-ci remue ciel et terre pour mettre la main sur les clichés très suggestifs de son officier formateur pendant que celle-ci préfère les charmes d’un très jeune artisan sculpteur qu’elle initie aux joies du sexe sous le soleil torride (et insupportable pour sa carnation de rousse aux mèches d’or) de l’Égypte antique.

extrait :

Lizzie regardait Nebaton à la dérobée. Elle cherchait dans la jeunesse de sa physionomie l’homme qu’elle avait croisé quelques années auparavant. Une trentaine d’années séparait l’apprenti du sculpteur expérimenté qui avait tressailli en apercevant une chevelure rousse, mais les traits burinés et la dureté du travail accentuaient les dégâts occasionnés par l’âge. Elle se demandait s’il trouverait une compagne et s’ils auraient des enfants. Elle se promit de revenir épisodiquement observer l’évolution de la carrière de l’éphèbe devenu adulte entre ses mains expertes. Elle savait qu’elle ne tiendrait pas parole. Nebaton était une passade, une friandise qu’elle s’offrait comme elle profitait des autochtones de toutes époques dans sa quête effrénée de sexe entre chaque mission. Lizzie avait porté la notion de tourisme érotique à l’acmé du genre ; elle métamorphosait seulement les classiques destinations lointaines et exotiques en périples spatiotemporels.
Il y avait tout de même une différence notable dans cette escale en Égypte : elle avait improvisé ses vacances pour se changer les idées pendant que Charlus cherchait le livre qu’il avait égaré pour la deuxième fois en cent ans. Elle aspirait surtout à perdre le souvenir de l’alchimiste, de cet homme étrange qui occupait une bonne part de son esprit. Lizzie ne savait pas si la fréquentation d’un immortel voyageant dans le temps de façon linéaire était une infraction caractérisée dans les directives de la Section Chronoprospect, mais dans le doute — et pour son confort mental —, elle préférait l’oublier.
L’affection qu’elle ressentait pour Nebaton n’était pas du tout du même registre. Il était jeune, beau et il apprenait très vite, mais elle avait connu d’autres jeunes gens beaux qui apprenaient vite au travers des siècles. Elle sentait aussi qu’il s’attachait à elle, mais cela, elle s’en moquait. L’évidence voulait qu’il la transformât en une icône sacrée, parce qu’elle était à jamais mystérieuse et inaccessible ; cette perspective ne déplaisait pas à la sous-colonelle Stromb.
Elle partirait le lendemain. Cette nuit serait la dernière qu’elle offrirait à son amant.

La pièce embaumait le cèdre, mais également le nard et le santal dont s’était enduite Lizzie. Elle souhaitait, par pure mégalomanie, que cet ultime huis clos restât gravé dans l’esprit du sculpteur ; elle avait revêtu pour l’occasion les atours d’une reine. Ses ongles dont le vernis incorporait une poudre d’or crissaient sur le lin de sa tunique finement tissée et serrée à la taille par une ceinture tressée. Chaque mouvement entrebâillait les pans ourlés d’un fil vermeil qui dessinait une frise sobre et élégante ; elle sortit du panier quelques mets — bière, hydromel, fèves, poissons grillés et quelques feuilles fraîches de khat — qu’elle disposa sur une table improvisée. Ses seins généreux luttaient pour échapper à l’emprise de la tenue et Nebaton ne quittait pas des yeux les globes pleins prêts à jaillir tandis que Lizzie se penchait pour verser dans un gobelet d’étain un liquide ambré. Elle regardait avec gourmandise le pagne du garçon se tendre et creusa un peu plus ses reins pour accentuer l’animation de sa poitrine qui l’affriolait visiblement. Elle lui présenta la coupe et se servit à son tour sans renoncer à son manège. Avant de porter à sa bouche l’alcool léger, elle dénoua la ceinture de son habit ; celui-ci s’ouvrit totalement et elle s’approcha jusqu’à effleurer le corps musclé qui vibrait d’émotion devant les courbes sensuelles de l’étrangère. De sa main libre, elle saisit le pic culminant à hauteur de ses hanches. Le jeune homme gémit.

Cette cinquième époque est disponible sur le site des éditions Dominique Leroy.

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